Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/19

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vainement à rentrer au Temple pour adoucir, par sa présence, la captivité de Louis XVII dont le caractère charmeur et profond avait conquis son cœur. Plus tard, il accompagne Marie-Thérèse à Vienne et devient l’agent des princes en exil. À Mitau, Louis XVIII lui donne les fonctions délicates de commissaire général de sa maison et fait de lui son confident et son intime. Si l’on en excepte la périlleuse mission d’aller gérer les intérêts du Prince à Hambourg, en 1805, il ne quitte pas la famille royale pendant toute la période de l’émigration et demeure à Hartwel jusqu’à la première Restauration. De toute cette période de son existence, nous n’avons rien à dire. Il se chargera lui-même de nous en entretenir dans ses souvenirs. Nous le suivrons pendant ces longues et douloureuses étapes de l’exil, où sa santé s’épuise, où son inlassable dévouement ne vient jamais à défaillir.

Mais, sauf en ce qui concerne la période des Cent-Jours, il est muet sur les années qui s’écoulèrent entre son retour en France et les derniers instants de sa vie. La tradition nous en a laissé quelques souvenirs.

On conçoit mal, à l’heure présente, où la difficulté des communications n’est plus qu’une tradition qui s’en va, quel pouvait être, en 1814, l’état d’esprit d’un émigré revenant en France après vingt ans d’absence. Trouver son foyer détruit, sa famille décimée, ses amis disparus pour la plupart, grâce au diligent office de la guillotine ou des guerres de l’Empire, et les survivants des heureux jours, méconnaissables et vieillis, c’est là une situation dont l’équi-