Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/193

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paré[1]. Mes serments, moins encore que les affections de mon cœur m’enchaînaient à Paris. Jamais je ne me serais consolé d’avoir, par mon éloignement volontaire, perdu quelque occasion de servir la famille royale. Mère auguste ! Pouvais-je oublier la promesse que vous aviez exigé de moi, lorsque, avant la journée du 10 août 1792, prévoyant déjà que ce fils si cher serait arraché de vos bras, vous me fîtes promettre de lui rendre les soins qu’en d’autres temps ma place m’eût commandés.

Les risques auxquels m’exposait la prolongation de mon séjour à Paris ne tardèrent pas, en effet, à se réaliser. Dans la matinée du 13 octobre 1793, revenant de la place Louis-le-Grand, je traversais le jardin des Tuileries où je n’entrais plus que rarement pour ne pas accroître mes peines par l’amertume des souvenirs qu’il me rappelait. Un homme m’arrêta.

  1. Ne semble-t-il pas que cette phase de François Hüe retrace en quelque mots le général état d’âme des royalistes du temps ? Le dévouement absolu n’était point chose si rare qu’on y attachât la pensée d’un mérite extrême. Il paraissait naturel de mourir pour la cause de ceux qu’on aimait, et la pensée d’un trépas imminent était si vraisemblablement établie dans l’esprit de chacun qu’on arrivait à la concevoir avec une résignation… nous dirions presque une insouciance, en vérité toute française.