Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/256

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sentiments qui ont dirigé toutes mes actions pendant le temps que j’ai passé auprès de mes maîtres adorée ; leurs souffrances et leur fin funeste m’ont rendu presque insensible à aucune autre impression qu’à celles où leur idée chérie est mêlée.

» Ce profond souvenir vous dit assez tout ce qui a oppressé mon pauvre cœur, en lisant cette lettre, témoignage touchant et vrai d’un dévouement presque unique. Ah ! je vous remercie de votre confiance, elle est bien placée, tous les sentiments de mon cœur vous en répondent, je connais peu de personnes dignes de la lecture de votre lettre, cette triste connaissance du peu d’intérêt qu’on attache à tant de malheurs vous devient une sûreté parfaite de ma discrétion, je vous le dois, rien ne peut en dispenser mais j’en rougis… je ne puis vous exprimer de quelle consolation c’est pour moi si j’apprends que nos maîtres infortunés ont eu quelques soulagements dans leur rigoureuse prison. J’entends, je sens parfaitement l’accent de la Reine, il a retenti jusqu’au fond de mon cœur tout à Elle. Je jouis qu’elle ait eu la douceur de recevoir par vous dans cette horrible demeure des nouvelles de ses enfants, par vous qu’Elle regardait, ainsi que le Roi, comme le meil-