Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/41

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bien le royal enfant était digne de monter sur le trône de ses pères.

Louis XVII avait reçu en partage une figure céleste, un esprit précoce, un cœur sensible, et le germe des plus grandes qualités, Dans un âge encore tendre, ce prince faisait admirer la grâce et la finesse de ses réparties. Occupé journellement de sa personne, combien d’exemples n’en pourrais-je pas citer !

Un jour, entre autres, il s’était mis à siffler, alors qu’il étudiait sa leçon. On l’en réprimandait. La Reine survint et lui fit quelques reproches : « Maman, dit-il, je répétais ma leçon, si mal que je me sifflais moi-même ! »

Une autre fois, le Prince était au Bois de Boulogne, dans les jardins de Bagatelle, l’hôte de son oncle d’Artois. Emporté par son habituelle vivacité, il court se jeter dans un bosquet de rosiers, et comme, vivement ému, je lui faisais observer qu’une seule de ces épines pouvait lui déchirer le visage :

— Qu’importe, me répondit-il d’un air décidé, les chemins épineux mènent à la gloire.

Louis XVII se plaisait particulièrement à ménager à M. l’abbé Davaux[1], son précepteur,

  1. On sait que Marie-Antoinette ne partageait pas les senti-