Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/70

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garde nationale l’entoure, et répond de sa personne. »

Le soir de cette terrible journée, un garde national entra dans l’appartement du Dauphin. C’était un de ceux qui avaient montré le plus de zèle à garantir les jours du Roi. En le voyant, ce fut à qui lui adresserait la parole. M. le Dauphin s’en aperçut :

— Comment se nomme, me dit-il, ce garde qui a si bien défendu mon père ? C’est un nom que je veux savoir, pour ne plus l’oublier.

— Monseigneur, lui répondis-je, je ne le sais pas ; il serait flatté si vous lui demandiez vous-même.

Aussitôt, M. le Dauphin me quittant, courut faire sa question au garde national. Celui-ci refusa de le satisfaire. Le Prince insista mais ne put rien obtenir. Alors, abordant ce particulier, je lui demandai son nom :

— Je dois le taire, me répondit-il, les larmes aux yeux ; il est, malheureusement pour moi, le même que celui d’un homme exécrable.

Ce généreux Français s’appelait Drouet[1].

Je rappellerai aussi la question ingénue que

  1. On sait que c’est là le nom du trop fameux maître de postes de Varennes.