Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/100

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Le ton de cette voix doucement prononcée

Réveilla son esprit, lui donnant la pensée

Que dans ces jours passés cet air accoutumé

Lui fut si gracieux qu'il en était charmé. 1985 Cela le fit résoudre à faire quelque approche

Pour mieux l'envisager à l'ombre de sa roche :

Mais elle le pria d'être moins curieux,

Ou lui prêter de quoi se couvrir à ses yeux,

À chacun de ses mots souffrant nouvelle attaque, 1990 Du désir de s'instruire il lui tend sa casaque,

Qu'elle jeta sur soi : et lors la passion

Du Prince s'informa de sa condition,

De ce qu'elle faisait, d'où elle était venue,

Qu'est-ce qui l'obligeait de loger toute nue 1995 Au fonds d'une Forêt, et l'avait fait cacher

Sous le rude couvert de cet affreux Rocher.

Je suis, répondit-elle, une femme souffrante,

La terre de Brabant m'a reçue naissante ;

J'eus un puissant époux, dont la crédulité 2000 Commettant injustice à ma fidélité,

M'a (sur de faux rapports sans m'ouïr) condamnée

À souffrir bien des maux, et d'être assassinée.

Pour l'exécution d'u si sanglant Arrêt,

On me fit, sans habits, entrer dans la Forêt, 2005 Où mes exécuteurs m'ayant accompagnée

Devinrent les auteurs de ma vie épargnée ;

Et depuis le moment qu'on me prit à merci,

J'ai compté sept Étés et sept Hivers ici.

L'AMBASSADEUR

C'est elle.

GERTUDE

La voilà.

GERMAINE

.

Fallait-il davantage 2010 Pour en donner au Prince un plus clair témoignage ?

L'AMBASSADEUR

Lui-même m'a conté qu'un tel trouble d'esprit