Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/22

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réplique.

J'ai couru et passé par mon malheureux sort,

De l'ennui de ma vie au désir de ma mort ; 95 Fais justice à mon cour sans regarder ma face,

Un coup de ta rigueur sera mon coup de grâce :

Me vengeant de ce cour sans beaucoup de traval,

Je serai en repos et n'aurai plus de mal.

GOLO

Votre cour ?

SIFROY

C'est ce cour qui toujours me bourrelle, 100 Et c'est contre ce cour que je veux voir ton zèle :

Puni le plus cruel de tous mes ennemis,

Obéis sans égard comme tu m'as promis,

Et si tu veux me faire une faveur divine,

Avec un fer tranchant ouvre-moi la poitrine 105 Et partage mon cour l'arrachant à demi,

Ainsi tu puniras mon plus grand ennemi.

GOLO

Ha Seigneur !

SIFROY

Ne crains point, la chose est ordonnée,

Et pour l'exécuter ta parole est donnée

D'obéir sans égard.

GOLO

Je veux ce que je dois, 110 Au moindre de vos mots j'userai tous mes doigts

Envers et contre tous, mais le devoir m'ordonne

De ne rien attenter contre votre personne.

SIFROY

Es-tu donc sans égard prompt à tout hasarder,

Aussi prêt d'obéir que moi de commander.

GOLO

115 Sauf cet

ACTE I

nhumain, pour obéir sans doute

Je verserai mon sang jusqu'à la moindre goutte.

SIFROY

C'est donc avec égard, ainsi que je conçois.


Scène II

Rodolphe, Sifroy