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Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/25

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Vouloir et faire encore que mon Maître périsse 165 Que je doive obéir et qu'il me soit permis

D'être le plus cruel de tous vos ennemis,

Ne vivant que par vous, que ma main assouvie

De vos biens se résolve à vous ôter la vie ;

Même à ce point d'horreur ose vous offenser, 170 Partageant votre cour je frémis d'y penser :

C'est ce cour qui m'a fait ; pourrais-je le défaire,

Ne me commandez pas ce que je ne puis faire.

SIFROY

Et pourtant tu l'as fait m'arrachant sans pitié

Du cour, oui de mon cour la plus chère moitié, 175 Par ton empressement à perdre mon épouse :

Au seul signe inconstant de mon humeur jalouse :

Poursuis et ne crains pas de faire un grand effort

Achevant de tuer un homme demi-mort.

La vie qui me reste est une mort plus griève

180 Que celle qui me peut joindre à ma

GENEVIÈVE

Tu ne peux m'obéir ? Va, tu n'es qu'un moqueur

De faire du craintif à partager mon cour,

Puisque tu n'as pas craint (par la sanglante rage

De ta main sans égard) d'en faire le partage. 185 Lève-toi, ta façon d'un genouil contrefait,

Ne refait pas mon cour que ta main a défait.

GOLO

Pour avoir relevé votre honneur du scandale

Causé par le mépris de la foi conjugale,

Vous me blâmez, Seigneur ; mais je dis derechef 190 Mon bras ne s'est ému que poussé par son chef.

SIFROY

Mon cour en sent le coup qui se plaint et déteste

Le bras qui laisse au chef la vie qui lui reste.

GOLO

Si j'ai dû obéir, j'ai peine de savoir

Pourquoi je suis blâmé d'avoir fait mon devoir.

SIFROY

195 Tu devais m'obliger en une erreur si haute,