Vouloir et faire encore que mon Maître périsse 165 Que je doive obéir et qu'il me soit permis
D'être le plus cruel de tous vos ennemis,
Ne vivant que par vous, que ma main assouvie
De vos biens se résolve à vous ôter la vie ;
Même à ce point d'horreur ose vous offenser, 170 Partageant votre cour je frémis d'y penser :
C'est ce cour qui m'a fait ; pourrais-je le défaire,
Ne me commandez pas ce que je ne puis faire.
Et pourtant tu l'as fait m'arrachant sans pitié
Du cour, oui de mon cour la plus chère moitié, 175 Par ton empressement à perdre mon épouse :
Au seul signe inconstant de mon humeur jalouse :
Poursuis et ne crains pas de faire un grand effort
Achevant de tuer un homme demi-mort.
La vie qui me reste est une mort plus griève
180 Que celle qui me peut joindre à ma
Tu ne peux m'obéir ? Va, tu n'es qu'un moqueur
De faire du craintif à partager mon cour,
Puisque tu n'as pas craint (par la sanglante rage
De ta main sans égard) d'en faire le partage. 185 Lève-toi, ta façon d'un genouil contrefait,
Ne refait pas mon cour que ta main a défait.
Pour avoir relevé votre honneur du scandale
Causé par le mépris de la foi conjugale,
Vous me blâmez, Seigneur ; mais je dis derechef 190 Mon bras ne s'est ému que poussé par son chef.
Mon cour en sent le coup qui se plaint et déteste
Le bras qui laisse au chef la vie qui lui reste.
Si j'ai dû obéir, j'ai peine de savoir
Pourquoi je suis blâmé d'avoir fait mon devoir.
195 Tu devais m'obliger en une erreur si haute,