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Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/49

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De l'avoir par la Croix conjointe à nos souffrances

Souffrons, c'est à ce prix qu'il le faut acheter.

BENONI

Faut-il quitter ma Biche, et ne la plus téter ?

GENEVIÈVE

Non votre bon Papa ne vous pas si chiche 710 Qu'il veuille vous sevrer du lait de votre Biche.

Pour l'aimer et servir, tétez, puisqu'il lui plaît ;

C'est pour cela, mon fils, qu'il vous donne son lait.

Mais il veut seulement en quoi qui vous advienne,

Que votre volonté soit conforme à la sienne.

BENONI

715 Je l'aime.

GENEVIÈVE

Sa bonté vous doit avoir charmé :

Aimez donc bien celui qui vous a tant aimé.

BENONI, voulant prendre le Crucifix.

Maman, donnez-le-moi ? Maman, ma toute bonne,

Donnez-moi, mon Papa.

GENEVIÈVE, le lui donnant.

Mon fils je vous le donne,

Gardez-le pour nous deux.

BENONI

D'où nous est-il venu ?

GENEVIÈVE

720 D'un endroit que vos ans vous rendaient inconnu.

C'est un présent, mon fils, dont la Mère des Mères

Par un Ange adoucit mes douleurs plus amères ;

Même pour apaiser mes transports douloureux,

En me recommandant cet objet amoureux 725 Tout à l'heure en ce lieu (j'en suis encor émue)

Je l'ai vue, mon fils, mon cher fils je l'ai vue

Dans le ravissement d'un divin entretien,

Auquel elle m'a dit que son cour était mien ;

Et m'a comblée ainsi d'une joie achevée, 730 Me laissant en l'état où vous m'avez trouvée.

BENONI