Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/53

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Dont on pourrait encor nous perdre avec l'Église.

Il se repaît toujours d'un honteux entretien,

Qui n'est à dire vrai ni Français ni Chrétien.

En ce relâchement le peuple se mutine, 810 Chacun vit à son gré, sans loi, sans discipline.

Cet État autrefois si beau si fleurissant.

Flétrit de jour en jour, et s'en va périssant :

Et bientôt on verra sa durée achevée,

Si par un coup du Ciel elle n'est conservée. 815 Par quoi le Roi n'ayant tous ses soins arrêtés

Qu'aux occupations de ses oisivetés,

Avec juste sujet la Chrétienté soupire,

Cherchant pour son repos celui de notre Empire ;

Et nos maux déférés au Pontife Romain, 820 Ont attendri son cour pour nous donner la main

À faire un juste choix d'une digne personne,

Afin que nous puissions transporter la Couronne

D'un chef qui lui fait honte, et l'asseoir sur un front

Qui répare son lustre et lave son affront. 825 Et pour son changement chacun veut reconnaître

Les biens qu'elle a reçus par les soins de mon Maître

Mais comme en tous ses faits il suit le mouvement

D'un conseil digéré par un mûr jugement.

Vous ayant éprouvé par les choses passées, 830 Il m'envoye, Seigneur, consulter vos pensées,

Pour suivre vos conseils qu'il a toujours suivis,

Réglant ses sentiments dessus vos bons avis.

SIFROY

Que deviendra le Roi si ce fait s'achemine ?

Son sang est consacré d'autorité divine, 835 On lui doit du respect.

L'AMBASSADEUR

Et pour le respecter

(Si vous le trouvez bon) on voudrait l'arrêter

Dans le clos consacré de quelque Monastère.

SIFROY

C'est à quoi je rêvais, et sans autre mystère