Oui, Seigneur, sa Gertrude
Y survint par bonheur, et je crois fermement
Que sans elle il m'eût fait un mauvais traitement.
Un mauvais traitement ?
En sa belle équipée
Sans ce présent secours j'aurais été frappée.
915 Vous, chez vous, l'insolent l'aurait-il bien osé.
À me couvrir la joue il était disposé
Quand Gertrude survint, qui se sentant piquée
Que chez moi (sans respect) Golo m'eût attaquée,
Lui dit des mots fâcheux afin de le toucher ; 920 Mais comme elle criait jusqu'à lui reprocher
Qu'il était un trompeur, et qu'il l'avait fourbée.
La voyant en ce train je me suis dérobée
Pour vous prier, Seigneur, que Rodolphe aille voir
Ce désordre chez lui avec soin d'y pourvoir.
925 Je vous requiers, Seigneur, quelque ordre juridique,
S'il vous plaît d'apaiser ce trouble domestique.
SIFROY, remettant son présent à
Tiens, emporte ce don pour gage de ma foi,
Mets-le dans mon trésor ; puis retournant chez toi,
Fais marcher mon Prévôt, et dis-lui qu'il arrête 930 Ce braveur, et me soit répondant de sa tête :
Qu'il l'enferme en la Tour qu'en ma propre maison
Lui-même a fait servir autrefois de prison.
Va, ne perds point de temps, et pour ton assurance
Cette bague pourra te servir de créance.
Il lui donne sa bague, que Rodolphe prend et s'en va.
935 Seigneur, quand vos Sujets auront la liberté