Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/72

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y fonde,

J'y courais bien avant ; mais j'en suis revenu, [ 17 ]

Par la chute d'autrui je me sens retenu,

On me l'a dit souvent, et je dois bien le croire

Qu'il n'y a si bon vin qui n'aye son déboire. 1255 L'objet du monde offert de loin, semble un trésor :

Mais reconnu de près, ce qui luit n'est pas or.

Je suis honteux d'avoir couru à toute bride,

Pour me paître de vent et ne mâcher qu'à vide ?

Me voici détrompé.

CLOTILDE

Depuis quand ?

HENRY

D'aujourd'hui, 1260 Instruit à marcher droit par la chute d'autrui

CLOTILDE

Mon Othon, Dieu vous aime, en vous faisant connaître

Les vanités du monde, et l'abus de ce traître.

Nous courons tous au bien, mais nos esprits goulus

Ne sont rassasiés qu'au comble des Élus, 1265 Qu'en dut le bon Henry ?

HENRY

Madame, je soupire

À vous ouïr parler, et ne saurais que dire

À tous vos beaux discours, sinon qu'ils me font voir

Que l'un et l'autre sexe est propre à tout savoir,

Surtout quand aux vaisseaux des bonnes consciences 1270 Sont répandus les dons du Maître des Sciences.

Votre doctrine apprend à tous les ignorants

À discerner aux biens les vrais des apparents.

CLOTILDE

C'est ce qu'il fallait dire à la sainte Princesse,

Dont la bonté prit soin de former ma jeunesse. 1275 Ces beaux rayons du Ciel faisaient son ornement,

Elle portait en soi l'Arche du Testament :

Les Tables de la Loi, et céleste doctrine