L’homme des premiers tems adora tes bienfaits.
Tu meus, autour de toi, les sphères entraînées.
Tu fais fuir, devant toi, les saisons enchaînées.
Tu prodigues ta flamme aux besoins des mortels,
Et la reconnaissance a dressé les autels.
Les prêtres à ton culte ont mêlé l’imposture.
Dans la Vôge, autrefois, ils t’appelaient Mercure.[1]
D’autres temples, depuis, ont déguisé ta loi ;
Mais le ciel est le seul qui soit digne de toi.
De nos opinions que m’importe le rêve ?
Au sommet de ces monts jusqu’à toi je m’élève,
Et tes rayons pour moi sont les lettres de feu
Où Dupuis, de nos jours, a lu le nom de Dieu.[2]
Descendons cependant de ces cimes bleuâtres,
Et suivons par degrés les longs amphitéâtres
Qu’au penchant de ces monts il nous faut admirer.
À ceux des Alpes même on peut les comparer.
Leur coupe est moins hardie et n’en est pas moins belle ;
Leur front n’est pas couvert d’une neige éternelle.
La chûte des glaçons suspendus aux rochers,
Y menace bien moins, et troupeaux, et bergers ;
Leurs pics sont moins tranchans, et, du haut de leurs cimes,
L’œil, avec moins d’effroi, mesurant leurs abymes,
Y trouve, en raccourci, les sauvages beautés
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