Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
GUIDE DU BON SENS

dra sur les droits de l’homme borgne ou du citoyen bossu : ce n’est pas cela qui rendra son œil au premier, ou, quant au second, qui lui enlèvera sa bosse.

Le citoyen bossu et le citoyen qui n’est pas bossu, même avec des droits égaux, aborderont toujours la vie dans des conditions inégales, inégalité qui, d’ailleurs, n’est pas nécessairement et d’avance défavorable au bossu, dont on est arrivé à considérer la bosse comme un porte-bonheur.

Toute espèce d’anomalie, de monstruosité, tout ce qui se présente avec un caractère d’exception, — et c’est bien le cas de la bosse d’être, Dieu merci ! assez exceptionnel, — il semble que l’on veuille s’en consoler ainsi en les plaçant, par compensation, sous le signe de la chance, comme on pourra le constater encore avec le trèfle à quatre feuilles, qui, avec sa quatrième feuille, doit apparaître parmi les trèfles aussi fâcheusement et extraordinairement pourvu que, parmi les hommes, le bossu, ou parmi les veaux et les moutons, le veau à deux têtes et le mouton à cinq pattes.

Il est peu probable qu’il lui suffise jamais d’avoir trouvé un trèfle à quatre feuilles pour que le bossu se redresse, ni qu’avec l’autorisation de celui-ci, ou par surprise, le borgne, ayant touché sa bosse, recouvre instantanément l’usage de ses deux yeux.