puyer les appels à la fraternité par des arguments d’intérêt personnel et même par des arguments de vanité, les épis diront encore aux coquelicots, et ce sera l’argument d’intérêt :
— Nous vous le demandons pour nous, que vous gênez, poussez et étouffez, ainsi d’ailleurs, et nous nous en excusons, que vous devez être, par notre faute, gênés, pressés et étouffés ; mais nous vous le demandons aussi pour vous, qui risquez, à demeurer en telle intimité dans notre périlleuse compagnie, de vous trouver victimes de la même faucheuse, et liés dans la même gerbe.
Et les épis ajouteront :
— Quelle couronne éclatante vous nous pourriez faire, coquelicots, si vous consentiez à vous réunir sur les lisières et sur les talus, plutôt que de vous mêler à nous qui, malgré tout, et même sans y prendre garde, ne pouvons que vous empêcher, par notre présence encombrante et importune, d’être mis ici en valeur autant que vous le mériteriez. Et nous voyons bien aussi, coquelicots, que du plus loin qu’il vous aperçoit, l’enthousiaste promeneur, attiré par votre éclat, ne se préoccupera guère de notre présence, se frayera, sans hésiter, un passage au milieu de nous et, pour vous cueillir, nous écrasera sans vergogne. Au nom de votre beauté, beaux coquelicots,