Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
GUIDE DU BON SENS

nous serions fort à plaindre si, pour garder le souvenir d’une promenade, il nous fallait, en nous promenant, avoir rencontré une cascade, une grotte, un précipice, un volcan…

— Il est des paysages pour les solitaires, d’autres où l’on se plairait avec de nombreux compagnons ; d’autres enfin que nous ne goûterons pleinement que si nous ne sommes pas seul, si nous ne sommes pas plusieurs, si nous sommes deux.

— Je crois que c’est une condition excellente pour admirer un paysage que d’être amoureux ; je suis moins sûr que deux amants qui se trouvent réunis devant le plus beau paysage du monde, songent, non pas à l’admirer, mais, d’abord, à le regarder.

— Quand tu demandes à quelqu’un s’il préfère la montagne, la campagne, ou la mer, tu t’attends bien à ce que sa réponse lui soit dictée par des raisons de santé, de commodités, ou de convenances mondaines ; sinon, sais-tu que ce que tu lui demandes là, s’il s’interrogeait vraiment et qu’il fût sincère, c’est de te révéler d’un trait tout son caractère, de te livrer le fond de son cœur ?

— Si, chaque fois que l’on répète qu’un pay-