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GUIDE DU BON SENS

— On méprise et l’on condamne justement le juge indigne, le juge inique et prévaricateur ; mais toi-même, quand, devant le tribunal de ta conscience, tu absous si légèrement les fautes les plus lourdes que tu as commises, tu profites sans remords des avantages que tu en avais retirés, juge indigne, juge prévaricateur, ne songes-tu pas à te mépriser, à te condamner ?

— Trop souvent, le tribunal de la conscience n’est qu’un tribunal bénévole, comme un tribunal d’amateurs, dont la juridiction commode nous sert à éviter la rigueur des autres tribunaux.

— Toute personne à qui l’on déclare d’un air confus : « Vous allez me juger bien mal ! », il y a des chances pour que l’on se soit déjà assuré de son indulgence, ou que l’on ait acquis sa complicité.

— Pour être tout à fait juste, il faudrait que la justice fût rendue dans une île déserte ; mais alors qui jugerait-on ?

— Te tu plains des lenteurs de la justice ; combien la plupart de nos jugements sont pourtant sommaires !…