C’est possible, mais ne s’aperçoit-on pas que, comme pour la « Rosette » de Malherbe, le meilleur du vers, sa saveur particulière et son suc profond, viennent de l’erreur commise, si erreur il y eut ?
Or on a imaginé, bien au contraire, que, dans le cas de Monsieur de la Palisse, il lui serait plus agréable de n’être point représenté comme un homme qui passait son temps à mettre les points sur les i, comme si l’on pouvait avoir jamais à regretter d’avoir mis les points sur les i avec trop d’insistance ; ce que, trop souvent, il faudra que l’on regrette, n’est-ce pas, c’est bien plutôt de ne pas les avoir assez mis ?
Le véritable Monsieur de la Palisse, un Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, qui se fit tuer si bravement à la bataille de Pavie, les seules paroles de lui, authentiques, qui nous aient été transmises, c’est le discours qu’il tint au pied de la forteresse de Rubos, dont il venait, sept heures durant, de défendre la première brèche, alors que Gonzalve de Cordoue le menaçait de mort s’il n’engageait son lieutenant Cormon à livrer le donjon :
« Cormon, dit le seigneur de la Palice, Gonzalve que vous voyez, menace de m’ôter la vie si vous ne vous rendez promptement. Mon ami, regardez-moi comme un homme