Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/48

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une politique commune à tous les partis, c’est la politique de l’injure. Avant même d’annoncer ce que l’on fera, on accuse les autres de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils n’ont pas fait, ou de ne rien faire.

Le parti adverse est un parti de concussionnaires, d’ennemis du peuple, traîtres à la patrie, vendus à l’ennemi, à quelque parti que tu appartiennes, en sorte que, de quelque côté que tu te tournes, on ne te montre et tu ne vois que des concussionnaires et des traîtres, des ennemis du peuple et des vendus.

Et c’est cela qui n’a pas de bon sens !…

Les paysans du Nivernais ont accoutumé de dire de leurs voisins du Berry que « quatre-vingt-dix-neuf moutons et un Berriat (ou Berrichon) font cent bêtes », locution que les Berrichons ou Berriats ne manquent pas de transformer à l’usage des Limousins, qui le redisent des Nivernais, et ainsi de province à province.

Mais on propose de modifier la sentence, qui les mettra tous d’accord, et d’affirmer que quatre-vingt-dix-neuf électeurs — et fussent-ils aussi bien ceux-là, du Nivernais ou du Berry, du Limousin ou de n’importe quelle province au choix, — quatre-vingt-dix-neuf électeurs et un insensé, cela fait cent insensés.

Un simple bulletin de vote enfermerait-il donc de telles propriétés nocives, que, sans