Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/50

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que le bon sens te pousse à cette désertion, qui est une lâcheté et qui est une sottise.

Si les hommes de bon sens se décidaient à faire de la politique, que feraient-ils ? On ne le sait guère, et il est bien vrai que peu de pays ont jamais eu l’occasion d’expérimenter ce que pourrait être la politique du bon sens. Tout au plus le bon sens dans la politique apparaît-il par lueurs, par bouffées, et s’il se manifeste, c’est moins par ce qu’il accomplit, que par ce qu’il empêche.

Il n’y a pas de système politique établi par le bon sens ; mais sans doute pourrait-on envisager un système politique dont le bon sens s’accommoderait, dont il ne semblerait pas systématiquement exclu.

Qu’on l’installe sur un trône, qu’on le nomme dictateur ou président d’une république, l’homme de bon sens est celui qui fera appel au bon sens du peuple, non à ses passions ; négligeant de flatter les passions populaires, ce sont les gens sensés qu’il voudra satisfaire, sur qui d’abord il voudra s’appuyer.

Reste à savoir si ceux-là seuls suffiront à le soutenir, si même ils y consentiront.

On a beau ne pas ignorer que la proportion du pain et du beurre ne permet pas de donner plus de beurre que de pain, on aime à entendre promettre cette surabondance du beurre à côté du pain ; il est même arrivé que cette