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GUIDE DU BON SENS

mais aboie et mord pour peu qu’on y touche, est un bel exemple d’envie et d’absurdité…

POLYDOXE. — Un bel exemple aussi, cher Eudoxe, et que vous ne sauriez juger si déraisonnable, de fidélité à son maître, de respect de la consigne, et de défense de la propriété.

EUDOXE. — Heureux le propriétaire de ce chien, je vous l’accorde, heureux jardinier, plutôt qu’heureux chien ! Mon chien n’était pas le chien du jardinier, mais un petit chien sans mandat, sans consigne, à qui l’on ne demandait rien d’autre que de se laisser dorloter et choyer dans un appartement, où il n’avait rien à garder, rien qu’à vivre joyeusement et confortablement en compagnie d’un chat avec lequel il s’était accoutumé à partager sans dispute cette existence fortunée.

POLYDOXE. — Le bonheur pour les chiens est-il de vivre avec les chats ?

EUDOXE. — Du moment que rien ne s’oppose à ce que chiens et chats vivent ensemble, pourquoi n’établiraient-ils pas leur bonheur ensemble aussi bien que séparément ? Bref, notre petit chien était fort heureux et le chat avec lui…

POLYDOXE. — Dites, que du moins, ils le paraissaient…

EUDOXE. — Pour apprécier le bonheur de chacun, on n’est jamais dans la peau des gens, ni des bêtes. Et puis, un jour, il arriva que le chat, en jouant, sauta sur une table assez