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GUIDE DU BON SENS

vie d’une chose que l’on est forcément envieux de qui la possède ; il faut distinguer ; sinon tous les hommes et toutes les femmes qui, en vieillissant, regrettent leur jeunesse, seraient envieux des jeunes gens, et la société entre eux serait impossible.

POLYDOXE. — Le plus heureux est donc celui qui n’a envie de rien et qui n’est envieux de personne.

EUDOXE. — Celui-là même, cher Polydoxe ; mais qui aura jamais cette sagesse, sût-il le bonheur à ce prix ? Qui peut se flatter de n’être envieux de personne, de n’avoir envie de rien ? Et si je vous disais que je suis cet homme…

POLYDOXE. — Je vous envierais !…

EUDOXE. — Vous voyez bien !


III.— L’AVARICE

POLYDOXE. — On méprise et l’on condamne les avares, mais les gens économes sont partout cités en exemple ; je voudrais savoir, cher Eudoxe, à quel moment, à quel taux, l’économie cesse d’être une vertu, et devient l’odieuse avarice.

EUDOXE. — C’est toujours le problème du plus et du moins que vous posez, cher Poly-