l’avarice : c’est la générosité, dans son acception principale qui est la bonté.
POLYDOXE. — Ne sommes-nous pas tombés d’accord que l’avare enseignait à son fils à être prodigue ?
EUDOXE. — Il ne lui enseigne pas à être bon, qui est le plus grave. Et certes, l’avare est absurde et détestable quand il projette de passer aux mains de son fils, après sa mort, à la place du symbolique flambeau, les seuls bouts de chandelle qu’il employa le plus clair de son existence à économiser, ou pis, à rogner. Mais sa vie durant, son fils ne l’aura-t-il pas toujours entendu répondre sans douceur au voisin, que sa chandelle était morte, bien qu’il eût encore du feu ? Son fils ne l’aura-t-il pas toujours vu se montrer impitoyable aux autres comme à lui-même et à son fils, d’ailleurs, tout le premier ? Comment aurait-on pitié de lui ?
POLYDOXE. — Mais il ne demande rien.
EUDOXE. — Parce qu’il est persuadé que l’on n’a rien pour rien. C’est la crainte d’être obligé de donner, si peu que ce soit, qui l’empêche de rien demander.
POLYDOXE. — Pourtant, il faut une matière à l’avarice, qui est extérieure au cœur de l’homme et à sa disposition d’esprit. Un avare qui ne posséderait absolument rien, de quoi pourrait-il être avare ? Job sur son fumier, par exemple ?