l’on fait, ne vaut-il pas mieux ne rien faire du tout ?
EUDOXE. — On n’a pas à décider par avance que la tâche sera mal faite, et si l’on n’essayait jamais rien, on ne ferait jamais rien.
POLYDOXE. — Celui qui ne sait pas nager se noie quand il tombe à l’eau.
EUDOXE. — Mais il faut bien commencer par se mettre à l’eau pour apprendre à nager.
POLYDOXE. — Ce n’est pas la mouche qui tire le coche, ni qui saura jamais le tirer.
EUDOXE. — Il fallait bien pourtant qu’il fût tiré… Et si les chevaux, pour éviter le ridicule de la mouche, avaient préféré s’abandonner à cette charmante et commode paresse et renoncé à continuer leur effort ?
POLYDOXE. — Les voyageurs auraient achevé la route à pied.
EUDOXE. — À moins qu’ils n’eussent été gagnés par la paresse des chevaux.
POLYDOXE. — Alors, ils n’avaient qu’à s’asseoir sur le rebord du fossé, et à attendre le passage d’un autre coche ; et rien ne dit qu’il n’eût été, celui-là, plus confortable et plus rapide, ce qui eût été tout bénéfice…
EUDOXE. — Rien ne dit non plus qu’un autre coche eût passé et pu les prendre.
POLYDOXE. — Fable pour fable, ignorez-vous la fable de l’homme qui courait après la fortune et de celui qui l’attendait dans son lit ?