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CHAPITRE IV

Le nègre Raphaël



Vous devez vous douter un peu et vous apprendrez sans surprise que Chocolat ne s’est pas toujours appelé Chocolat ; mais ce que l’on imagine moins aisément, c’est le nom, le joli nom, le nom musical et charmant, sous lequel il avait été baptisé : Raphaël. Chocolat s’appelle en réalité « Raphaël ». D’ailleurs ce prénom gracieux est le seul témoignage que Chocolat puisse évoquer d’une sollicitude maternelle, c’est le seul héritage que lui aient légué ses parents.

Ses parents ? il ne les a jamais connus ; il ne connaît même pas son âge exact.

Enfant perdu, ou enfant trouvé, ce qui est la même chose, car on ne trouve que ce qui fut perdu, le petit Raphaël n’a conservé dans sa mémoire que l’image d’une grande et forte négresse qui l’avait recueilli et qu’il nommait sa mère de lait.

Cette négresse n’était pas tendre ; et lorsque, par la suite, Chocolat, devenu l’admirable clown que l’on sait, dut faire profession de recevoir des gifles, on peut dire qu’il ne manquait pas d’entraînement, en sorte que sa mère adoptive donna, inconsciemment, à Chocolat, l’éducation la mieux appropriée à sa car-