Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/70

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à des besognes plus délicates, comme de figurer les pattes de devant ou d’arrière de l’éléphant ou du taureau…

Pour le moment, sa mission se bornerait à tenir à la disposition de Tony Greace les différents accessoires dont il pouvait avoir besoin, quand il l’appellerait, à l’entrée de la piste…

— Au fait, comment t’appelles-tu ? demanda Tony Greace.

— Raphaël !…

— Raphaël ? Ce n’est pas un nom !

Raphaël reprit bien vite :

— On m’appelait aussi, quelquefois, « le Rubio »…

— Ah ! ah ! le rouquin, « le joli blond », à la bonne heure, voilà des noms !

Et maintenant, mon vieux rouquin, lorsqu’on a la chance, comme toi, d’être un nègre pour de bon, le vrai comique, le fin du fin, c’est de se faire passer pour un faux nègre.

Et, sur l’ordre avisé du sagace Tony Greace, dorénavant chaque soir, au moment de paraître en public, Raphaël le Rubio dut se frotter le plus maladroitement possible les mains et la figure avec un bouchon noirci…

En dépit de ses succès, de son nom déjà populaire, et du très bel engagement qu’à son retour de Madrid on lui avait offert et fait signer au Nouveau-Cirque, Footit était mécontent, inquiet : mécontent de lui-même, s’entend, et pure inquiétude d’artiste !