Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/74

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c’est-à-dire, pour le moins, se rouler sur la piste, marcher quelque peu sur les mains, exécuter deux ou trois sauts périlleux, bref ne pas laisser s’endormir et s’engourdir leurs muscles, — donc, à la répétition, il n’est pas rare de voir un clown expliquant à un camarade le mécanisme d’un tour, et tous se piqueront d’émulation, et, de la meilleure grâce, révéleront leurs secrets, s’entr’aideront pour la réussite d’un exercice, indiqueront, en décomposant les mouvements, « comment ils font ça… »

Mais, dame, une fois devant le public !

Devant le public, c’est chacun pour soi ; et, ma foi, chacun pour soi, cela finit toujours par signifier que l’on est contre les autres, et qu’on se laissera aller, par exemple, à « abîmer » leurs effets.

« Abîmer les effets », cela consiste, de la part du clown qui paraîtra le premier, à faire un peu de tout ce qui constitue le répertoire général et ordinaire des clowns, équilibre avec les chapeaux, chute comique le long des banquettes, excès d’un zèle inutile et grotesque, parodie de l’écuyer…

En sorte que, lorsque viendra l’entrée suivante, le clown qui comptait sur l’un de ces « numéros » pour faire son « effet », trouvera cet effet déjà brûle, ou du moins diminué, « abîmé ».

Certes, on n’abîme pas les effets d’un clown comme Footit ; les « maîtres » inspirent un certain respect, respect qui a d’ailleurs besoin d’être soigneusement surveillé et entretenu, par celui qui veut en bénéficier, et