Page:France - Opinions sociales, vol 1, 1902.djvu/61

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droit. Parce qu’il me semble que le socialisme, qui est la vérité, est aussi la justice et la bonté, que tout ce qui est juste et bon en sort naturellement comme la pomme du pommier. Il me semble que combattre une injustice, c’est travailler pour nous, les prolétaires, sur qui pèsent toutes les injustices. À mon idée, tout ce qui est équitable est un commencement de socialisme. Je pense comme Jaurès que marcher avec les défenseurs de la violence et du mensonge, c’est tourner le dos à la révolution sociale. Je ne connais ni juifs ni chrétiens. Je ne connais que des hommes, et je ne fais de distinction entre eux que de ceux qui sont justes et de ceux qui sont injustes. Qu’ils soient juifs ou chrétiens, il est difficile aux riches d’être équitables. Mais quand les lois seront justes, les hommes seront justes. Dès à présent les collectivistes et les libertaires préparent l’avenir en combattant toutes les tyrannies et en inspirant aux peuples la haine de la guerre et l’amour du genre humain. Nous pouvons dès à présent faire un peu de bien. C’est ce qui nous empêchera de mourir désespérés et la rage au cœur. Car bien sûr nous ne verrons pas le triomphe de nos idées, et quand le collectivisme sera établi sur le monde, il y aura beau temps que je serai sorti de ma soupente les pieds devant… Mais je jase et le temps file. »

Il tira sa montre, et, voyant qu’il était onze heures, il endossa sa veste, ramassa ses outils, enfonça sa casquette jusqu’à la nuque et dit sans se retourner :