Page:France - Opinions sociales, vol 1, 1902.djvu/68

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est nécessaire que chacun sache son métier, il est utile à chacun d’interroger la nature qui nous a formés et la société dans laquelle nous vivons. Quel que soit notre état parmi nos semblables, nous sommes avant tout des hommes et nous avons grand intérêt à connaître les conditions nécessaires de la vie humaine. Nous dépendons de la terre et de la société, et c’est en recherchant les causes de cette dépendance que nous pourrons imaginer les moyens de la rendre plus facile et plus douce. C’est parce que les découvertes des grandes lois physiques qui régissent les mondes ont été lentes, tardives, longtemps renfermées dans un petit nombre d’intelligences, qu’une morale barbare, fondée sur une fausse interprétation des phénomènes de la nature, a pu s’imposer à la masse des hommes et les soumettre à des pratiques imbéciles et cruelles.

Croyez-vous, par exemple, citoyens, que, si les savants avaient connu plus tôt la vraie situation du globe terrestre tournant en compagnie de quelques autres globes, ses frères, autour d’un soleil qui nage lui-même dans l’espace infini, peuplé d’une multitude d’autres soleils, pères ardents et lumineux d’une multitude de mondes, — pensez-vous que, si dans les siècles anciens un grand nombre d’hommes avaient eu cette juste idée de l’univers et y avaient suffisamment attaché leur pensée, c’eût été possible de les effrayer en leur faisant croire qu’il y a sous terre un enfer et des diables ? C’est la science qui nous affranchit de ces vaines ter-