Page:France - Saint Yves.djvu/124

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Yves ne vit dans cette dignité qu’un moyen de plus de faire du bien aux pauvres et d’abréger les procès en réconciliant les parties. Hervé de Coatreven, sacriste de la cathédrale de Tréguier, dit, en effet, qu’il était de sa connaissance qu’une fois nommé officiai il donnait exactement aux pauvres le tiers de ce que lui rapportait ce bénéfice, qu’il terminait les procès rapidement, en mettant les parties d’accord, à moins qu’il ne s’agît d’affaires matrimoniales, pour lesquelles il était nécessaire de prononcer un jugement. Deux autres témoins vinrent corroborer l’affirmation de Hervé. L’un d’eux l’a vu plusieurs fois, à peine ses émoluments touchés, en verser immédiatement le tiers entre les mains des pauvres qui se trouvaient présents.

Hamon Denis nous apprend que jamais il n’a vu le savant officiai s’emporter, ni même témoigner son mécontentement aux plaideurs, à moins d’être convaincu qu’ils étaient de mauvaise foi. Alors, seulement, il les réprimandait fortement et paraissait s’irriter quelque peu, puis les engageait à revenir à de meilleurs sentiments, et parvenait, par ses douces et saintes paroles, à les réconcilier tout à fait. Jamais on ne l’a entendu prononcer une sentence sans voir en même temps ses larmes