Page:France - Saint Yves.djvu/174

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gardait pour ne pas déplaire au prélat, mais le, faisait monter par son clerc, et marchait à côté de lui pour pouvoir prêcher tout le long de la route. D. Yvo post eurn incedebat prsedicando. Il y avait en effet tant de charme dans sa parole, que la foule qui l’avait entendu un jour, le suivait encore le lendemain et le jour après, pour l’entendre de nouveau. Dans un de ces pardons que l’on voit au pays de Tréguier, le saint prédicateur ayant cédé la parole, comme il le faisait toujours, à un Frère Prêcheur qui se trouva là par hasard, les assistants faillirent se révolter, et il fallut tout l’ascendant du bon prêtre pour les déterminer à écouter tranquillement le sermon du dominicain.

Avant de commencer sa prédication, Yves priait à genoux avec une grande ferveur et les mains jointes. Quelquefois même il ne se relevait que baigné de larmes ! Souvent ses pleurs éclataient au milieu de son discours, et l’auditoire subjugué y répondait par des sanglots. Prédicateur infatigable, il se faisait entendre le même jour dans plusieurs paroisses éloignées l’une de l’autre par de grandes distances. Il allait ainsi toujours à pied, dit Albert-le-Grand, souvent à jeun, bien que plusieurs briguassent l’honneur de le recevoir à leur table,