Page:France - Saint Yves.djvu/196

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le petit nain qui l’accompagne et qui lui arrive à peine aux genoux. L’artiste avait sans doute bonne intention : il a voulu peindre la pénitence, mais on ne défigure pas les personnes pour cela. Ce ne doit pas être le portrait de saint Yves : il n’y a ni la coupe de la figure qu’on peut prendre sur son chef vénéré à Tréguier, ni le menton saillant, ni les pommettes osseuses, ni les méplats qu’on se figure aisément. Qu’on cherche les moyens de représenter sur ses traits l’austérité de la pénitence et des mortifications, rien de mieux ; mais la beauté de la figure doit toujours se traduire à travers ces ombres.

Saint Yves, après tout, n’était pas continuellement plongé dans cette tristesse qui est au fond du caractère breton. Dans une des hymnes de son office, il est dit qu’il conservait toujours la même gaîté sur ses traits, et la même tenacité dans ses desseins, sans jamais s’abandonner à une joie immodérée, ni se laisser abattre par les difficultés : Una vultûs hilaritas, etc. Il plaisantait volontiers avec ses pauvres, tout en graissant de ses mains les souliers d’un pèlerin de saint Jacques, se moquant gracieusement de l’un d’eux qui apportait un pain trop beau, puis d’un autre qu’il venait d’habiller de sa propre soutane.