Page:France - Saint Yves.djvu/218

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seigneurs, vint recevoir le corps à la porte de sa cathédrale, et après la cérémonie funèbre, souvent interrompue par les cris de douleur, l’humble prêtre fut déposé dans ce sépulcre, que tant de prodiges devaient bientôt rendre si glorieux ! On chanta pour lui une octave de services, selon les prescriptions de l’Eglise, bien que chacun fût convaincu que son âme si pure et si belle était déjà dans la gloire !

Le silence ne se fit pas longtemps autour de ce tombeau. Avant la fin de l’octave, le chevalier Alain de Keranrais, passant par la cathédrale, aperçut un jeune homme couché sur la tombe du bon curé. La terre était fraîchement remuée et aucune pierre ne le couvrait encore. «  Que faites-vous là, dans cette posture, lui demanda le chevalier ?» — «  Seigneur, répondit-il, je remercie le saint prêtre qu’on a enterré ici il y a sept jours. J’étais aveugle et il m’a rendu la vue. » Le bruit du miracle fit en peu d’instants le tour de la ville. Le jeune homme était du village de Coat-ar-groas, en la paroisse de Langoat. Il s’appelait Guyon, fils de Hamon ou Omnès. Tout le monde le savait aveugle, et après sa guérison il fut interrogé presque avec autant de curiosité que l’aveugle-né de l’Evangile.