Page:France - Saint Yves.djvu/32

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de la Terre-Sainte. Ces traditions de valeur et de dévouement se perpétuèrent dans les campagnes bretonnes, et c’est avec les fils de Croisés que notre province lutta énergiquement pour défendre son indépendance contre les Anglais d’abord, puis contre les Français eux-mêmes.

La trahison de Jean-sans-Terre livra à l’Angleterre le dernier roi de Bretagne, Arthur, qui fut lâchement assassiné dans la tour de Rouen. Avec ce jeune prince, qui devait réunir sur sa tête les couronnes de France et d’Angleterre, s’éteignit tout l’espoir des Bretons, et la France, devenue pour ainsi dire maîtresse de notre belle province, ne laissa à nos souverains que le titre de Ducs. Philippe-le-Bel, en l’érigeant en Duché-Pairie, chercha à se l’attacher par une chaîne brillante, mais enfin c’était une chaîne : Aurea connexit vincula, vincla tamen. Elle lutta néanmoins deux siècles encore, cherchant toujours à reconquérir son entière indépendance, et devint trop souvent le champ de bataille où se rencontrèrent ses deux puissantes voisines. Malgré tout, elle put conserver sa nationalité, et c’est d’elle-même que la Bretagne se donna à la France, en se réservant ses privilèges qui ne furent pas longtemps respectés.