Page:France - Saint Yves.djvu/57

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leurs terres, comme dans leurs mœurs et leurs habitudes. Nous pouvons donc dire, sans crainte de nous tromper beaucoup, que le peuple était, au temps de saint Yves, à peu près tel que nous l’avons connu il y a un demi-siècle. Le paysan était colon, c’est-à-dire propriétaire de la superficie de sa terre, tandis que le fonds appartenait au seigneur du lieu, au couvent ou à l’église, car les trois vivaient dans une admirable harmonie qu’on a cherché à dénaturer depuis qu’elle est rompue. Il devait donc une redevance quelconque pour son convenant, comme on l’appelait alors, et il la payait en nature : quelques gerbes de blé de son champ, une part des fruits et du bétail, des journées de batteurs, pour aider le seigneur à faire sa récolte. La plus forte de ces redevances pouvait atteindre le dixième du revenu, d’où le nom de dîme, qui est resté depuis à ce genre de paiement, lors même qu’on ne devait que la 30e gerbe et beaucoup moins encore. Il faut ajouter à cela des jours de corvées pour l’entretien des routes et le transport du matériel de guerre.

Le plus beau privilège du seigneur était de rendre la justice. Ce droit se divisait en trois degrés, différents d’importance et d’étendue. Mais au XIIIe siècle,