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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/136

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LES PAGES.

signe, obligé de prévenir même les intentions de son ancien, chacune des fautes qu’il commettait, même involontairement, était aussitôt punie, soit par arrêts plus exactement observés que ceux que prescrivaient les gouverneurs, soit par des pages de grammaire allemande qu’il fallait copier, soit enfin par des férules nommées savates, du nom de l’objet qui servait à les appliquer. Car aucun des termes admis dans un collége n’était en usage parmi nous. Les mots : sortoirs, réfectoires, classes, étaient scrupuleusement remplacés par ceux de corridors, salle d’étude, etc. ; les prononcer, c’eût été compromettre sa tranquillité ; et un nouveau ayant appelé son camarade « son compagnon » en conserva le nom tout le temps de son service.

Bien des gens blâmaient cette sévérité des anciens à l’égard des nouveaux ; on la regardait comme cruelle. Elle fut, à la vérité, quelquefois poussée à l’excès ; mais exercée modérément, comme je l’ai vue, elle était d’un très-bon effet ; et jamais un page n’est entré dans un régiment sans y être bien vu et chéri de tous. D’ailleurs, la nouveauté existait depuis longtemps ; elle était connue et approuvée de tous les chefs, dont beaucoup avaient été pages, et en avaient, par conséquent, fait l’expérience. Les épreuves que l’on faisait subir aux nouveaux surpassaient autrefois tout ce que la franc-maçonnerie offre de plus terrible. M. de la Bigne, écuyer du manége, page il y a bien cinquante ans, portait encore sur une fesse la marque d’un éperon brûlant qu’on lui avait appliqué. Je suis loin d’approuver