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LES GARDES.

forme, la beauté des hommes et des chevaux en faisaient une troupe remarquable ; et quand, tous les quatre ans, le roi en passait la revue à la plaine du Trou d’Enfer, la magnificence du coup d’œil, encore augmentée par la présence de la cour et d’une foule énorme de spectateurs, était vraiment incomparable.

Le service des gardes du corps, au château, consistait à monter la garde aux portes des appartements, à prendre les armes quand les princes passaient, à garnir la chapelle pendant la messe et à escorter les dîners de la famille royale. Ils devaient connaitre les ducs et pairs, car, à leur passage, la sentinelle devait porter les armes et frapper deux coups du talon droit. De même, cette sentinelle devait ouvrir la porte et ne pas la laisser ouvrir ; mais l’on sent que le garde était lui-même très-aise qu’on l’exemptât de toutes ces fonctions.

Les gardes étaient répartis dans le château en quatre salles : la grande était au haut de l’escalier de marbre ; on y prenait les factionnaires pour les appartements des princes ; la seconde, qui tenait à la première, était la salle de la reine ; la troisième était la salle du dauphin, et la quatrième était située au rez-de-chaussée, à droite de la cour de marbre, près le petit escalier par où le roi rentrait de la chasse. Tous les soirs on dressait des lits dans ces salles, et on les entourait de paravents depuis que la reine, femme de Louis XV, rentrant un jour très-tard chez elle, vit un garde couché dans une posture immodeste.