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PETITS APPARTEMENTS.

cherchons à pénétrer dans son intérieur pour y deviner ses pensées, y voir le côté faible de l’homme, y découvrir quelques secrets politiques. Et si le règne de Louis XVI n’a pas présenté d’actions aussi éclatantes, ses malheurs y suppléeront, et l’imagination parcourra avec plaisir la demeure de ce prince dont le souvenir est déjà presque effacé.

Dans le chapitre précédent, j’ai parlé des grands appartements, somptueux passages publics. De l’Œil-de-Bœuf on entrait dans la chambre à coucher de Louis XIV, devenue, sous les règnes suivants, la chambre de parade. Cette vaste pièce formait le milieu du château, et le fond de cette petite cour mesquine appelée la cour de marbre, sur laquelle dominait un grand balcon. Au-dessus, se trouvait le véritable memento mori ; ce n’était pas, comme chez les Perses, un esclave qui rappelait à nos souverains qu’ils étaient mortels, c’était un cadran dont l’aiguille était arrêtée à l’heure où le dernier monarque avait cessé de vivre. Notre imagination, il est vrai, se fait à tout : toutefois il semble impossible que les rois ne cherchassent pas souvent, dans leur solitude, à deviner la place que prendrait après eux ce lugubre indicateur. Louis XV était mort le 11 mai 1774, à trois heures après-midi. J’ai laissé l’aiguille à la place où je l’avais trouvée en écrivant à Versailles. Sa marche a cessé depuis lors, mais sa destruction n’a point fait oublier le crime qu’elle devait indiquer.

Dans cette chambre, nommée encore chambre de