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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/229

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Eh bien, le porte-chaise d’affaires était celui qui, le chapeau bas, en habit de velours, l’épée au flanc, était chargé de dissimuler ces dernières misères auxquelles il a plu à la mère Nature de nous assujétir. La Faculté était sa plus déplaisante ennemie ; elle lui faisait passer parfois de fort mauvais quarts d’heure. Il est vrai qu’il s’en trouvait bien dédommagé par les vingt mille livres que lui valait sa charge ; avec cela, qu’il pouvait signer le contrat de mariage de sa fille du titre d’officier du roi, et traiter ses amis avec de fort beau linge dont on pouvait, en admirant la beauté du tissu, oublier la destination première.

Les réformes du cardinal de Brienne firent disparaître les porte-chaise d’affaires, comme les cravatiers, les pousse-fauteuil, etc. Les porte-chaise étaient au nombre de deux et servaient six mois. L’un était un petit tailleur, d’une figure tout aussi burlesque que sa charge, achetée du produit d’un terne gagné à la loterie ; l’autre était un marchand de faïence de la rue du Vieux-Versailles.

Le porte-chaise entrait au lever du roi, quand on appelait la première entrée ; il passait alors, — car enfin, puisque j’ai commencé ce chapitre, il faut bien que je dise quelque chose des fonctions qu’il avait à remplir, — il passait dans la garde-robe, près du lit du roi, pour voir s’il n’y avait rien, dans son petit mobilier, qui réclamât sa vigilance et sa sollicitude. C’était là son seul service. Ailleurs, et à tout autre moment, on n’avait pas besoin de lui. Il se trouvait, en effet,