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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/28

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LE ROI.

reau, et s’assurer qu’il était loin d’être aussi oisif qu’on voulait le faire paraître. S’il se mêlait parfois de forger une clef ou un cadenas, c’était par mode de récréation, pour se délasser un instant et diminuer la tension de son esprit. Au reste, les ouvrages sortis de ses mains ne prouvaient ni une grande adresse ni une longue habitude.

Le genre d’étude qui plaisait le plus à Louis XVI était la géographie, les relations de voyages, et ce qui avait rapport à la marine. Dans son voyage de Cherbourg, il étonna beaucoup d’officiers de mer par ses connaissances et en embarrassa plusieurs par ses questions. J’ai entendu dire au roi, au retour de cette excursion qui l’avait autant intéressé que flatté par les preuves d’attachement qu’il y avait reçues, qu’il espérait en faire un semblable tous les ans, surtout sur les côtes, voulant donner grande attention à sa marine : projet que nos malheurs ont empêché, et qui, outre l’avantage de faire connaître au monarque les vices de l’administration, ne pouvait qu’attacher les peuples à leur souverain.

On a acquis la certitude que plusieurs des discours du roi, surtout ceux qui passent pour les plus remarquables, avaient été rédigés par lui. De ce nombre était sa fameuse déclaration en quittant Paris, chef d’œuvre de précision et de logique. Ce fut encore lui qui donna à M. de la Pérouse ses dernières instructions sur son voyage, et des avis aussi justes que lumineux qui étonnèrent ce fameux navigateur. Quand, au cou-