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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/296

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MINISTRES.

ces compagnies. M. de Lamoignon avait des vues droites, plus de connaissances judiciaires que d’administratives. On le prit surtout en horreur, parce qu’il devint le confident et le collaborateur du cardinal de Brienne. Après avoir été remplacé par M. de Barentin, il finit tristement sa carrière dans sa terre de Basville. Ses enfanta le trouvèrent un matin dans une grotte du jardin, tué d’un coup de fusil. L’arme était encore auprès de lui ; mais on ne put découvrir si sa mort était l’effet du désespoir ou d’un accident.

La cour, qui répugnait au rappel de Necker que l’opinion publique, souvent trompée, appelait au ministère, après avoir fait l’essai de plusieurs ministres dont l’existence fut éphémère, appela au conseil Brienne, archevêque de Sens, prélat décrié pour ses mœurs, mais qui s’était acquis une certaine réputation d’économiste, et qui, de plus, était chéri du parti des philosophes. Les honneurs l’accablèrent. Bientôt il fut nommé principal ministre, décoré de la pourpre qu’il souilla par sa conduite envers la cour de Rome et sa mort scandaleuse. Toute son existence ministérielle ne fut qu’une série de fautes et de bévues. Il fit faire au roi quelques actes de vigueur pour le laisser céder quelque temps après. Il avait décrié Calonne et ses projets ; il se trouva bientôt tout aise d’y revenir. Enfin le parlement, poussé à bout, jeta son appel sinistre aux États généraux, et ce fut là l’origine des malheurs de la France. Les divers édits soumis à l’enregistrement de cette cour, la séance royale,