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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/351

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

culer, elles y arrivaient dans un état impossible à décrire. Tout l’énorme cortége des fédérés, des autorités et de l’Assemblée nationale se réunit à quatre heures du matin, sur l’emplacement de la Bastille, d’où cette interminable procession défila par les boulevards et la place Louis XV, et entra au champ de Mars par un pont de bateaux construit près de l’extrémité des Champs-Élysées. Tout ce cortége, recevant la pluie pendant dix heures consécutives, présentait un spectacle pitoyable, et qui faisait l’amusement du peuple, très-peu respectueux envers ses représentants.

On avait élevé pour le roi, en avant de l’École militaire, un grand pavillon sous lequel était le siége royal, et à côté un fauteuil pour le président de l’Assemblée nationale, qui était alors le marquis de Bonnay. Derrière se trouvait une tribune pour la famille royale, et de chaque côté deux longues galeries pour les députés et le corps diplomatique.

Le roi n’avait point voulu se joindre au cortége, ou on l’en avait empêché. C’était déjà une grande faute ; plus il se serait montré aux fédérés, plus ils se seraient attachés à sa personne. Il avait été arrêté qu’il se rendrait en voiture, par le faubourg Saint-Germain, à l’École militaire, et qu’il se placerait sur son trône au moment où l’Assemblée nationale monterait les hauts degrés qui y conduisaient. En conséquence, un aide de camp de La Fayette devait venir prévenir de l’entrée des députés au champ de Mars. On avait calculé que le temps qu’elle mettrait à le traverser suffi-