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M. LE COMTE D’ARTOIS.

Le caractère de madame la comtesse d’Artois, qui, comme je l’ai dit, vivait très-retirée, sympathisait assez peu avec celui de sa sœur, Madame ; il y avait peu d’intimité entre les deux princesses.

Quoique je me sois toujours servi du terme de M. le comte d’Artois, j’observerai qu’on disait, d’après l’usage, Monsieur, comte d’Artois ; comme si le mot Monsieur était une désignation des enfants de France issus en ligne directe du souverain ou de l’héritier présomptif, tandis qu’on disait : M. le duc de Berry, qui était de la ligne collatérale. À l’exception de Monsieur, qui conservait ce titre quand on lui parlait, les autres princes étaient traités de Monseigneur et d’Altesse Sérénissime.

M. et madame la comtesse d’Artois occupaient, à Versailles, avec madame Élisabeth, tout le premier étage de l’aile droite du château qui donnait sur l’orangerie, dans la galerie appelée galerie des Princes. Ces appartements, quoique vastes, ne l’étaient pas tant que plusieurs cabinets ne tirassent leur jour de la galerie et ne fussent très-obscurs.

Quand le roi vint à Paris, le 17 juillet 1789, le comte d’Artois voulait absolument y aller à sa place, quoiqu’il connût bien les dangers que la faction d’Orléans lui préparait. Mais il est dans la nature de l’homme généreux de braver un péril pour le détourner d’une tête chérie. C’est un des beaux traits de la vie du prince. Le roi s’opposa à son dessein, et fut si convaincu dans ce voyage des projets homicides des factieux, qu’il