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MESDAMES TANTES.

chef était l’exemple de ses sujets. Le roi, d’ailleurs, tout naturellement, consultait plus volontiers son épouse et ses frères que des collatéraux. Le changement survenu dans la position de Mesdames, l’âge, qui altère toujours un peu l’égalité de l’humeur, enfin, l’espèce d’oubli dans lequel on les laissait, tout contribua donc à rompre l’intimité qui aurait pu exister entre les tantes et les neveux. Mais si la reine et les princesses ses belles-sœurs n’aimaient point Mesdames, qui auraient voulu prendre vis-a-vis d’elles un ton de supériorité qui leur déplaisait, Louis XVI eut toujours pour elles, outre le respect qu’il leur devait, un attachement marqué ; car ce prince, si bon, ne pouvait pas ne point aimer celles qui avaient remplacé pour lui, dans son enfance, les auteurs de ses jours.

La position de Mesdames à la cour étant ainsi obscure et nulle, on les y voyait à peine. Elles passaient la plus grande partie de l’année, soit à Bellevue, sur ce coteau magnifique d’où l’on domine l’orgueilleuse cité et les charmantes campagnes qui l’environnent, soit à l’Hermitage, petit jardin situé à l’extrémité de Versailles, du côté du chemin qui conduit à Marly.

Des quatre filles de Louis XV qui survécurent à leur père, il ne restait plus que madame Adélaïde et madame Victoire. La troisième, madame Sophie, était morte deux ans auparavant, et la dernière, madame Louise, avait disparu du monde par une de ces soudaines résolutions qui ne peuvent être inspirées