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MESDAMES TANTES.

nant, car les princesses qui, du vivant de Louis XV, l’allaient voir assez souvent, n’avaient point tardé à l’oublier.

J’ai déjà dit que, à la cour, on ne leur témoignait pas à elles-mêmes beaucoup plus d’attentions, et cet abandon avait, je pense, un peu aigri leur humeur. Aussi étaient-elles assez difficiles dans leur service ; le moindre retard était payé de vifs reproches. Si je ne craignais d’être accusé de rancune, j’en citerais quelques preuves qui me sont personnelles. Je dirai seulement ici que je fus un jour vertement tancé par madame Adélaïde pour avoir mis mes mains dans son manchon, qu’elle m’avait donné à porter en montant un escalier.

Si les portraits que j’ai vus de Louis XV sont exacts, cette princesse lui ressemblait et avait son regard imposant. Madame Victoire était plus petite et avait plus d’embonpoint.

Mesdames tantes qui, au 5 octobre, avaient eu la facilité de rester à Bellevue, ne venaient que l’hiver à Paris. Se voyant de peu de ressources à leur neveu dont elles ne pouvaient avoir la confiance, et craignant de se voir contrariées dans leurs opinions religieuses, elles se décidèrent à faire le voyage de Rome. Peut-être que, du sein de leur solitude où elles se trouvaient placées à un point de vue qui leur permettait de mieux juger des choses, elles avaient plus sûrement prévu tous les malheurs qui menaçaient leur famille. Elles allaient donc s’en séparer pour la vie, et sans avoir pu