Page:Franchère - Relation d'un voyage à la côte du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, 1820.djvu/58

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celui de dames me parut être le plus commun. La terre carellée avec un bâton pointu, leur sert de damier ; les dames sont de petits cailloux. Comme ces jeux diffèrent de ceux qui se jouent dans les pays civilisés, nous n’y pûmes rien comprendre.

Bien que la nature ait presque tout fait pour le bonheur des habitans des îles Sandwich ; Qu’ils jouissent d’un ciel serein, et d’un air salubre, et que la terre ne demande presque aucun soin pour produire toutes les choses nécessaires à la vie, il s’en faut néanmoins qu’ils puissent être regardés comme généralement heureux : les artisans et les cultivateurs, qu’on appelle Toutous, sont à peu près ce qu’étaient les Ilotes chez les Lacédémoniens, condamnés à travailler presque continuellement pour leurs Seigneurs, ou Eris, sans espoir de récompense » et gênés jusque dans le choix de leurs alimens.[1] Comment est-il arrivé que chez un peuple encore sauvage, où les lumières des uns sont à peu près celles des autres, la classe qui est sans

  1. Les Toutous, et les femmes, celles du roi exceptées, sont éternellement condamnés à ne se nourrir que de fruits et de légumes, les chiens et les cochons étant uniquement réservés pour la bouche des Eris.