Page:Franchère - Relation d'un voyage à la côte du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, 1820.djvu/69

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des flots, lorsqu’après avoir échappé à plusieurs vagues, il en survint une qui submergea notre nacelle. Je perdis de vue Mr. Aikin et John Coles ; mais les deux insulaires se trouvèrent près de moi ; je les vis se dépouiller de leur vêtement ; j’en fis de même ; et voyant la chaloupe à ma portée, je la saisis ; les deux insulaires vinrent à mon aide : nous réussîmes à la remettre sur quille ; et la poussant par derrière, nous en fîmes sortir assez d’eau pour qu’elle pût porter un homme : un des insulaires sauta dedans, et avec ses deux mains, parvint en peu de tems à la vider. L’autre insulaire fut chercher les rames, ou avirons, et nous embarquâmes tous trois. La marée nous ayant fait dériver au delà des brisans, je tâchai d’engager mes deux compagnons d’infortune à ramer ; mais ils étaient si engourdis par le froid, qu’ils s’y refusèrent absolument. Je savais bien que sans vêtement, exposé à la rigueur du climat, j’avais besoin de me tenir en exercice. Voyant d’ailleurs que la nuit s’avançait, et n’ayant de ressource que dans le peu de force qui me restait, je me mis à goudiller, et m’éloignai de la barre, sans néanmoins trop m’élever en mer. Vers minuit, un de mes compagnons mourut : l’autre se jetta sur le corps