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Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/185

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Le lendemain, pendant que, muni par Jacques, désemparé, de pleins pouvoirs pour régler les questions matérielles, M. Cabillaud organisait ce qu’il appelait l’état de siège, enjôlant, pour des fournitures diverses et exactes, une bouchère accorte, un épicier grincheux et un laitier complaisant, Jacques lui-même employa toutes ses heures à la découverte d’une chambre d’amour digne de la présence merveilleuse qu’il s’y promettait. Mais ce jour-là, non plus que le suivant, ni l’autre encore, il ne trouva ce qu’il rêvait. C’étaient des gîtes abominables dans des quartiers populeux : cases étroites ou basses, chargées de tentures malodorantes et chauffées par de lourds tapis vulgaires, ou boîtes glacées où l’absence éternelle d’un feu et l’hostilité de chaque meuble composaient une atmosphère mortelle à l’idée même d’un baiser. Il lui fallut cinq jours de courses et de démarches nouvelles avant d’aboutir à une solution satisfaisante, cinq mortels et interminables jours pendant lesquels, s’il avait été moins épris, il n’aurait pas manqué de maudire l’amour qui n’en fait jamais d’autres, d’ailleurs, après avoir commencé par