Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/85

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Peut-être un lecteur se sera-t-il demandé quelle profession, ou sinon quel rôle ou quelle place mon ami Jacques de Meillan occupait dans la vie. Il me serait facile de répondre qu’il était littérateur, d’autant plus facile qu’on le verra bientôt entouré de quelques-uns des plus brillants et des plus variés spécimens de cette race étrange, improductive et amorale. Mais je n’ose pas. Pour être littérateur, il ne suffit point, comme les apparences portent à le croire, d’avoir été rejeté de toutes les catégories sociales, ou de s’être soi-même reconnu incapable de quoi que ce soit, il faut encore avoir écrit. Or, mon ami Jacques de Meillan avait composé péniblement quelques sonnets dont le plus beau avait paru dans La Côte bleue, petit journal d’annonces que dirigeait M. Tintouin, dont le nom reparaîtra plus tard, au cours de ce récit. Entre une réclame sur le savon Mikado et l’éloge d’une villa à Saint-Raphaël, avec eau et gaz à tous les étages, ce sonnet avait été imprimé, enjolivé de deux coquilles importantes au dernier vers. Personne ne lisant La Côte bleue, il n’y avait