Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand M. de Meillan ne travaillait pas à l’élaboration d’un rapport destiné à révolutionner quelque chose dans le commerce ou l’industrie, ou à instruire le monde de la découverte d’un minerai jusqu’alors inconnu, mais plus étrange que l’aluminium et plus soluble que le sel, il passait ses nuits à se mettre en contact avec des capitalistes, des courtiers, des ingénieurs, des marchands ou des inventeurs dans tous les endroits de la ville où l’on pouvait boire. Il y avait gagné de faire la connaissance de tous les garçons de café, en même temps qu’il s’était acquis leur bienveillante sympathie. De la Brasserie du Chapître au Glacier, des bars de la Joliette aux extrêmes tavernes de la banlieue, il était sûr, dès son entrée, d’une place dans le meilleur coin, avec un petit banc pour ses pieds fatigués, du papier en abondance pour ses lettres et ses télégrammes, des journaux amusants pour distraire une minute son cerveau surmené d’homme d’action et,